Introduction au discours anticomplotiste : le cas de la guerre en Syrie

Sommaire

Introduction

Collecter les preuves étayant une conspiration de vaste ampleur, du genre de celles qui débouchent sur des guerres illégales et sanglantes ou des escroqueries monumentales peut prendre des années voire des décennies, et pour cause : ceux qui en sont à l’origine sont assez puissants pour réduire au silence les témoins gênants et respectent toujours cette règle d’or d’avoir le contrôle de tous les médias de masse susceptibles de révéler la conspiration en pleine lumière. Et quand il devient enfin possible d’y voir clair, les conspirateurs ont eu dix fois le temps d’engranger le bénéfice de leurs malversations et ne sont plus susceptibles d’être inquiétés. D’où l’intérêt de disposer de révélateurs susceptibles d’accélérer la nécessaire prise de conscience dans l’opinion publique.

Un tel révélateur, facile d’accès, existe : il réside précisément dans le dispositif médiatique mis en place pour placer sous l’éteignoir toute contestation de la version officielle d’un événement manipulé afin d’orienter vers de fausses pistes et de faux coupables, tout en chargeant méthodiquement ses contestataires de toutes les accusations possibles et imaginables. Appelons un tel dispositif le dispositif anticonspirationniste, terme que nous abrégeons dès à présent en « AC ».

Nous avons démontré tout au long de notre livre « Guerre en Syrie » (1/2) la complicité évidente et accablante des grands médias dans le maquillage des événements de Syrie depuis mars 2011, maquillage qui se constate à tous les niveaux, qu’il s’agisse des « petits pas » exposés dans le volume 1 (couverture médiatique du père Paolo Dall’Oglio, censure de toutes les autres autorités chrétiennes de Syrie, couverture médiatique systématique et favorable de tous les « événements » anti Assad organisés en France, censure de tous les autres événements dénonçant un complot international contre la Syrie), ou des grands bonds disséqués en détail dans le volume 2, grands bonds qui consistent en sanglantes opérations sous faux drapeau visant à opérer un retournement décisif de l’opinion pour lui faire accepter la nécessité d’aller renverser le « régime » syrien manu militari.

Nous avons souligné à la fin du volume 1 qu’un tel mensonge organisé supposait un haut degré de perversité en évoquant les Liaisons dangereuses : « Cet exemple littéraire, si on l’applique à la propagande de guerre, montre le caractère infiniment pervers de ce type de manipulation des masses, qui ne peut fonctionner que si une armée de Valmont et de Merteuil a pris en masse les commandes de l’état et des grands médias, que si l’opinion publique, dans sa majorité, demeure naïve, vertueuse, et vulnérable comme Madame de Tourvel »

Ce caractère hautement pervers se manifeste avec le plus d’éclat dans la pratique de l’inversion accusatoire. Il ne s’agit pas d’ignorer, de diffamer, de louer exagérément, il s’agit encore d’imputer à l’ennemi que l’on prétend abattre les crimes commis par les gens de son propre camp et par soi-même – à défaut de les inventer de toutes pièces. C’est ainsi qu’on a vu par exemple les autorités syriennes accusées d’avoir perpétré le massacre de Houla le 25 mai 2012, le tir à l’arme chimique dans la banlieue de Damas le 21 août 2013, le massacre de Khan Chaykhoun du 4 avril 2017, etc.

Cette pratique proprement ignoble se retrouve, sans surprise, dans le traitement appliqué aux rares personnalités et journalistes indépendants qui s’attachent à révéler, pour certains depuis le début du conflit en mars 2011, les mensonges des médias et des politiques sur cette question. Ces voix étant les plus susceptibles de faire éclater en pleine lumière le média mensonge, et ses responsables principaux devant s’attendre à un procès pour haute trahison et maquillage de crimes contre l’humanité, il est naturel – réaction d’autodéfense – que ceux-ci s’efforcent de réduire au silence les uns ou de briser la réputation des autres, cela en puisant dans une gamme de procédés remarquablement homogène, homogénéité d’autant plus remarquable qu’elle se retrouve à l’identique dans les dispositifs AC mis en place dans le cadre d’autres affaires (ex : 11 septembre 2011, affaire Merah, tuerie de Charlie Hebdo, attentats du 13 novembre, Rwanda).

Le premier procédé, le plus simple, est tout simplement le passage sous silence. Nous avons parcouru maints cas de ce genre dans les deux volumes de Guerre en Syrie. Le passage sous silence s’applique quand le sceptique ne bénéficie pas d’une grande notoriété et d’une grande audience – en France en tous cas. Quand on est à peu près certain que certaines révélations ne franchiront pas les limites d’un certain cercle très limité, on peut se contenter de n’en pas parler. Le jeu démocratique se jouant avec des majorités de plus de 50 % des votants inscrits, on peut tout à fait s’accommoder qu’une frange limitée et peu influente de la population soit lucide quant à certains mensonges d’État, sans avoir besoin de recourir à la diffamation ou à la répression contre elle.

Cependant, quand la contestation commence à prendre de l’ampleur, qu’elle devient menaçante, qu’elle apparaît susceptible de s’étendre par contagion à des proportions beaucoup plus importantes de l’opinion publique, il convient de prendre les mesures qui s’imposent.

La discussion pied à pied, point par point, dans le cadre de débats loyaux, entre thuriféraires de la version officielle, et intellectuels crédibles la remettant en cause, entraînerait mécaniquement la défaite ignominieuse des premiers. Les propagandistes n’ont donc qu’une seule solution : si l’on a décidé de faire un sort à un contestataire trop gênant, qui n’aille pas jusqu’au dernier recours de l’assassinat ciblé ou de l’accident mortel opportun, il faut détruire sa réputation et celle de son travail auprès du grand public en recourant exactement aux mêmes méthodes perverses utilisées pour couvrir les événements manipulés dont je viens de rappeler brièvement quelques exemples pour le cas de la guerre en Syrie. C’est ainsi que les conspirateurs et leurs complices, que la logique sémantique autoriserait dans un monde normal à désigner comme les seuls « conspirationnistes » ou « complotistes », sont amenés à déployer une production anticonspirationniste (AC), ou anticomplotiste (AC), pour tenir la part la plus naïve et grégaire de la population à l’abri de trouble-fête considérés en conséquence par cette dernière comme des hurluberlus, des pestiférés.

Je vais dans cet article expliquer le fonctionnement de ce dispositif AC, tel qu’il a été déployé pour la Guerre en Syrie par les grands médias français. Ce système, quoique très affaibli en cette fin d’année 2019, reprend encore de temps à autres du service, inchangé comme au premier jour. En partant de ce cas d’école je vais mettre en lumière les caractéristiques du discours AC. En plus de montrer par encore une autre voie que la guerre en Syrie est couverte depuis huit ans par un mensonge organisé, j’indique ici une grille d’analyse efficace pour repérer n’importe quel « dispositif AC », lequel est infailliblement l’indice de l’existence d’une authentique conspiration.

Il est saisissant, quand on décortique la production AC concernant des affaires non reliées en apparence (attentats du 11 septembre 2001, affaire Merah, crise ukrainienne, affaire Charlie), de tomber sur des productions dans lesquelles sont utilisées exactement les mêmes batteries de procédés, et qui entrent si peu dans le détail des affaires qu’elles prétendent éclairer, qu’en changeant dans un article une poignée de noms propres, on finit par admettre qu’il s’agit là d’une sorte de passe-partout, utilisé à chaque fois de la même façon et dans le même but : détruire à peu de frais la réputation des thèses alternatives et celle de leurs auteurs, à défaut d’oser les affronter dans le cadre d’un débat public et loyal.

Le cas de la guerre en Syrie est particulièrement approprié pour exposer en pleine lumière le caractère frauduleux des dispositifs et des discours AC en général. La guerre en Syrie est en effet l’une des très rares séquences historiques récentes où les positions qualifiées de « complotistes » au départ, et vivement dénoncées comme telles, ont fini par l’emporter sur à peu près toute la ligne. Voici ce que j’écrivais dans la conclusion du volume 2, en 2016 :

« Il fut un temps, certes,où les personnalités ou médias « alternatifs » mettant en doute la cruauté infâme de Bachar el-Assad comme seule explication de la guerre en Syrie étaient largement traînés dans la boue lorsque leur point de vue était évoqué dans le cadre du discours dominant. Alors le discours anticonspirationniste était rayonnant et décomplexé. Cela, c’était jusqu’à la fin 2013. Alors l’opinion publique se trouvait dans son ensemble, formidablement, sous l’emprise d’une sorte d’envoûtement collectif, alors on pouvait expliquer que le terrorisme dans la guerre en Syrie était un phénomène exagéré, qu’il n’existait pas d’infiltration de combattants non syriens, que le seul terrorisme existant était celui de Bachar el-Assad qui avait fait exprès de libérer par milliers les « islamistes » des prisons pour instrumentaliser le terrorisme et justifier la répression des manifestations pacifiques. Depuis la montée en puissance de l’EI en 2014 et la multiplication des exactions de la part de cette organisation, finalement impossibles à passer complètement sous silence, surtout quand elles sont commises en son nom sur le sol français, ce discours a pratiquement disparu des médias, qui reconnaissent ouvertement un certain nombre de faits énoncés en premier lieu par ceux qu’ils qualifiaient d’abord eux-mêmes de « conspirationnistes » : l’orientation terroriste de nombre de groupes « anti Assad » à l’œuvre sur le sol syrien, la complicité de la Turquie et des monarchies du Golfe dans la déstabilisation de la Syrie, les exactions de groupes armés wahhabites contre les chrétiens, les alaouites et les yézidis. Tout cela, qu’il était impossible d’avancer au début des événements sous peine d’être taxé de « conspirationnisme », est à présent reconnu dans les médias, quoique évidemment avec des nuances de rigueur et de traditionnelles accusations radicales contre le régime.» (p.211)

Il est depuis déjà six ans assez publiquement défendable que l’ensemble des positions AC sur la guerre en Syrie dans les milieux médiatiques et politiques de France – et des autres mal nommés « amis de la Syrie » – constituent une fraude à des fins de propagande de guerre, ce qui est un excellent indicateur de la valeur de la propagande AC en général, puisque d’une affaire à l’autre, on retrouve à l’identique les mêmes batteries de procédés, et souvent les mêmes auteurs (Caroline Fourest, Bernard Henri Levy, Rudy Reichstadt, Jean-Laurent Cassely, Laurent Joffrin, etc.)

J’ai mis en évidence – pour le cas particulier de la guerre en Syrie – une quinzaine de caractéristiques de la production AC dans ce domaine. La plupart des productions ne les comportent pas toutes, loin de là. Un article d’une dizaine de lignes par exemple n’en comportera guère que deux ou trois. D’autres articles plus longs, en revanche, sont de véritables symphonies dans lesquelles pas un instrument AC ne manque à l’appel.

Le terme de « dispositif » s’impose dans la mesure où les différents discours, commentaires, productions en tous genres relatives à une affaire, fonctionnent de concert, n’entrent jamais en confrontation, et sont véhiculés par tous les supports médiatiques et institutionnels existants. Je vais m’appuyer ici essentiellement sur des articles, mais il faut avoir à l’esprit que la rhétorique AC se retrouve partout, au détour d’une phrase, d’une question, d’une allusion, à la radio, à la télévision, dans les grands quotidiens, dans les librairies et les Relay des gares, dans les colloques, les manifestations, les « événements » de toutes sortes organisés sur le sol français, dans les écoles de la République, désormais de plus en plus sur internet..

1) Englober les sceptiques dans des étiquettes péjoratives : « complotistes », conspirationnistes », « antisémites », « révisionnistes », « négationnistes »

La première règle consiste à placer tous les contestataires de la version officielle sous l’étiquette collective péjorative de « conspirationnistes », « complotistes », « révisionnistes », « antisémites » voire « négationnistes », et ainsi susciter dans l’opinion une réaction de rejet collectif de structure raciste (un peu comme certains parleraient des « youtres », des « bicots », des « nègres », ou des « fromages »). Il s’agit de présenter d’emblée les contestataires comme des gens douteux, peu recommandables, interchangeables les uns avec les autres, réductibles à une armée de clones primaires, sans visage, et mus par des motivations inacceptables. L’efficacité du procédé se constate quand dans une discussion banale sur un sujet sensible on décide de contester toute ou partie d’une version officielle: il est très fréquent qu’une des personnes participant à la discussion sanguinement interrompt : « mais c’est conspirationniste ce que tu avances » ou « Aha… c’est encore la théorie du complot ». Cela suffit souvent à rendre tout débat subséquent impossible, les gens qui font cette objection lapidaire étant aussi sûrs de leur fait qu’ils sont inconscients de ne faire que répéter des réactions qu’ils on vues ou entendues dans un JT, dans un quotidien, une émission de radio, des affiches, sur un si grand nombre de supports, que le dispositif engendre ce genre de réaction automatique animée d’un sentiment de certitude absolue.

Remarquons que le terme « anticonspirationniste » (AC) est beaucoup plus concret, sémantiquement parlant, que celui de « conspirationniste ». Les premiers se définissent en effet clairement en opposition à ceux qu’il nomment eux-mêmes, indistinctement les « conspirationnistes » ou « complotistes ». Les seconds, qui ne se définissent pas comme tels, in fine ne font que mener un travail de « chercheurs », de « journalistes », d’« écrivains », et d’« historiens », avec une grande variété de sensibilités et de multiples compétences, et ils ne font que leur travail et leur devoir lorsqu’ils tombent sur des complots et des conspirations, si récurrents tout au long de l’Histoire, et entreprennent de les révéler et de les dénoncer.

2) Les présenter comme une cour des miracles fourre-tout et incohérente

En plus d’englober tous les contestataires dans ce genre d’étiquette, on peut suggérer que ceux-ci forment une sorte de cour des miracles fourre tout et complètement incohérente, avec des expressions fleuries propres à frapper l’imagination. Un article de Vincent Hugueux et de Hala Kodmani intitulé de façon imagée « la légion française d’Assad », publié dans l’Express du 13 septembre 2012 ((Le maquillage intégral de la guerre en Syrie depuis mars 2011 s’est accompagné d’une féroce et inique campagne de diabolisation des « complotistes »)), commence par le chapeau suivant : « Le dictateur de Damas peut compter dans l’Hexagone sur le soutien obstiné d’une coalition hétéroclite. De l’extrême droite aux lobbys pro arabes radicaux, revue des troupes éparses mais fidèles du « bacharisme » made in France. » Plus loin dans le corps de l’article on peut lire : « Le facho y côtoie le gaucho. Le pieux musulman y coudoie l’islamophobe, le laïcard radical, le catho intégriste, l’altermondialiste de stricte obédience, le négationniste impénitent et, un peu égaré, l’expert atterré par cet Occident dont la cécité hâterait la venue d’un « hiver salafiste » sans retour. »

3) En faire des portraits au caca fumant pour épouvanter l’opinion publique

Il est important de présenter de façon caricaturale, lapidaire et infamante, les personnalités contestant la version officielle qui rencontrent le plus d’audience dans l’opinion. J’en ai relevé quelques exemples dans le tome 1 de « Guerre en Syrie ». Rappelons en deux diffamant des autorités chrétiennes de Syrie qui contestent radicalement la version officielle.

Dans la Vie du 27 juin 2012 ((« Non,les chrétiens ne sont pas persécutés en Syrie ! »/ http://www.lavie.fr/actualite/billets/non-les-chretiens-ne-sont-pas-persecutes-en-syrie-27-06-2012-28844_288.php)) , le théologien proche de l’œuvre d’Orient Christian Cannuyer évoque ainsi l’évêque Philippe Tournyol du Clos : « Ses allégations sont fausses et manipulées. Il est tout sauf un représentant du « parler vrai ». Un prélat l’a rencontré à Damas, revêtu d’habits ecclésiastiques usurpés… (…) ledit Tournyol est un transfuge des milieux catholiques intégristes et d’extrême-droite, inconnu au bataillon de tous ceux qui ont une bonne connaissance et une longue fréquentation des chrétiens d’Orient. (…) Voilà encore un exemple frappant de manipulation venant de cercles douteux à propos de la situation en Syrie. » Ces allégations de M. Cannuyer sont un tissu de mensonges.

Dans le même article, M. Cannuyer évoque d’autres autorités chrétiennes comme la mère Agnès Mariam de la Croix : « Certaines personnalités ecclésiales sont manifestement stipendiées ou manipulées par le régime pour attiser les rumeurs le présentant comme le seul défenseur de la minorité chrétienne et soulever le spectre d’un scénario à l’irakienne. Leur attitude confine à la collaboration, qu’ils pourraient payer très cher. » On note ici le ton de menace à peine voilée, qui constitue un encouragement pour les groupes armés takfiris qui font la chasse aux arabes chrétiens sur le sol syrien.

L’article de l’Express cité plus haut contient également une belle galerie de portraits. Voici comment est présenté Frédéric Chatillon, créateur en mai 2011 d’un site d’information sur la guerre en Syrie, qui m’a été d’une grande utilité : « A l’extrême droite du portrait de famille, un personnage retient l’attention: Frédéric Châtillon , 44 ans. Ancien patron du Groupe union défense (GUD), phalange estudiantine encline à singer les rituels néonazis, ce colosse gominé, air rogue et veste de cuir, apparaît notamment en octobre 2011 en marge d’un meeting pro-Bachar ponctué de saluts hitlériens ((Il ne s’agissait pas de « saluts hitlériens », mais de « saluts romains » absolument identiques. Le salut romain a été adopté par le Parti National Syrien fondé en 1932 et n’a strictement rien à voir avec le nazisme. Des syriens ont effectué ce salut à Paris lors de rassemblements en soutien aux autorités syriennes sans imaginer créer de polémique, ne sachant pas qu’ils se trouvaient dans un pays ou un simple geste comme « la quenelle » est passible de poursuites judiciaires en dehors de toute base juridique.)) . » Dans le même article, on relève ce portrait du président fondateur du Réseau Voltaire, Thierry Meyssan ((J’ai démontré dans une série d’articles publiés en 2018 à quel point le cas de Thierry Meyssan posait un grave problème dans le monde de la ré infosphère. Quoiqu’il faille s’en méfier à l’extrême, il n’en demeure pas moins que les procédés qui lui sont appliqués sont typiquement AC.)) : « Assadolâtre certifié, l' »effroyable imposteur » Thierry Meyssan, passé à la postérité pour avoir tantôt nié, tantôt imputé à une conspiration ourdie par la CIA les attentats du 11 septembre 2001, mérite de figurer au centre de la photo. »

4) Rattacher les sceptiques à des « réseaux » ignobles

En plus de s’attaquer au messager, on peut suggérer qu’il fait partie d’un réseau dont tous les éléments, déjà diabolisés dans les médias, sont moins recommandables les uns que les autres. On donne ainsi l’impression que le messager gravite dans un certain « milieu » composé de personnages répugnants et évoluant à la limite de la légalité. Les trois extraits précédents en donnaient déjà une idée. Dans un article de Christophe Ayad publié dans le Monde du 6 juin 2012 ((« Le petit monde composite des soutiens au régime syrien »/ http://www.conspiracywatch.info/Le-petit-monde-composite-des-soutiens-au-regime-syrien_a857.html)) , voici comment le site infosyrie.fr et son fondateur Frédéric Chatillon sont présentés :

« Infosyrie est le lieu de rencontre de l’extrême gauche et de l’extrême droite unies dans leur rejet de « l’impérialisme états-unien ». Le site est hébergé par Riwal, une société de communication appartenant à Frédéric Chatillon, ancien dirigeant du Groupe union défense (GUD) et proche de la direction du Front national. Chatillon, requis a pour client le ministère du tourisme syrien, est une fréquentation de Manaf Tlass, un commandant de la garde présidentielle proche de Bachar Al-Assad, tout comme Dieudonné et Alain Soral qui a pris, lui aussi, le chemin de Damas pour un voyage organisé en août 2011. Leur proximité avec le négationniste Robert Faurisson leur vaut des sympathies en haut lieu à Damas. Or on retrouve, parmi les défenseurs de Faurisson, Jean Bricmont, un universitaire belge que Pierre Piccinin présente comme un autre « ami ». La boucle est bouclée. »

Dans le même article on relève : « Animé par Anas Alexis Chebib, radiologue à Tulle (Corrèze), un Collectif pour la Syrie a également épaulé divers journalistes français en quête d’un visa. Au sein de son conseil d’administration siège Michel Lelong, père blanc et pro palestinien radical, témoin à décharge lors des procès du négationniste Roger Garaudy et de Maurice Papon. »

5) Refuser par principe tout débat public avec les sceptiques

Si l’on évite autant que possible d’entrer dans le détail de l’argumentaire des contestataires les plus sérieux de la version officielle, il faut tout de même expliquer pourquoi on a décidé de s’en tenir à cette ligne de conduite. On peut se contenter d’avancer que les théories « conspirationnistes » sont tellement insensées, dangereuses, et immorales qu’il n’y a pas même pas besoin de s’y attarder un instant. Dans un article du Courrier International du 21 mai 2011 ((« Syrie. L’écoeurante propagande du régime »/ http://www.courrierinternational.com/article/2011/05/23/l-ecoeurante-propagande-du-regime)) , écrit par Mou’in al Bayari et sobrement intitulé « l’écœurante propagande du régime syrien » on lit : « Ces convictions bien ancrées chez de nombreux commentateurs et cette perception de la contestation en Syrie montrent en premier lieu une insensibilité totale, immorale et inhumaine, face au drame des Syriens qui tombent sous les balles. Leur argumentation est tellement caricaturale, voire absurde, qu’on serait tenté de ne pas la prendre au sérieux, de l’ignorer ou de l’aborder sur le ton de la dérision. »

6) Ne s’attaquer qu’aux arguments les plus faibles et les moins employés par les sceptiques

Les acteurs AC, pour gagner en crédibilité, s’aventurent parfois tout de même, à essayer de faire un sort aux zones d’ombre évoquées par les sceptiques. Ils peuvent ainsi à peu de frais donner l’impression à des profanes qu’ils ont étudié le dossier en profondeur. Ces incursions dans le fond présentent toujours le même point commun : elles évitent soigneusement les incohérences les plus manifestes pour se concentrer sur celles qui sont les plus fragiles ou le plus fragilement développés par des sceptiques fragiles. Dans des affaires d’aussi grande gravité, des centaines de personnes plus ou moins averties s’expriment, et il est facile de prendre les productions « conspirationnistes » les plus faibles ou les plus attaquables, en négligeant les plus solides et les plus sérieuses, pour donner l’impression que la « nébuleuse conspirationniste » n’est composée que de feux follets à peine plus lucides que des phalènes buttant incessamment sur le verre d’une ampoule afin d’y pénétrer.

On trouve peu d’exemples de ce genre dans le cas de la guerre en Syrie, en raison de la multitude des événements et séquences manipulés qui se sont enchaînés sans discontinuer pendant des années – l’actualité du nouveau venant reléguer le précédent dans l’ombre -, mais je le signale car il est très fréquent dans des dispositifs AC comme ceux qui ont été montés pour prévenir tout doute et tout débat autour des attentats du 11 septembre 2001, l’attentat de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, et ceux du 13 novembre 2015 à Paris.

7) Pointer le rôle néfaste d’internet dans la diffusion des « théories du complot »

Si la parole est entièrement verrouillée dans le monde de la télévision, de la radio, de la presse écrite, et des événements organisés sur le sol français, il n’en est pas de même sur internet où la parole « conspirationniste » peut s’exprimer à peu près librement. L’existence d’internet est à double tranchant pour les marionnettistes. Cet outil leur permet de connaître avec précision l’ampleur de la contestation et les leaders d’opinion dans ce domaine, mais il ne peut empêcher la diffusion de leur discours, un discours d’autant plus efficace que par ses méthodes vérifiablement honnêtes, il donne bien souvent par contraste plus de gages de sérieux que le discours AC. C’est donc un passage obligé que de fustiger le rôle d’internet dans la diffusion des idées conspirationnistes. Voici par exemple ce que développent Vincent Hugueux et Hala Kodmani dans l’article de l’Express déjà cité : « L’obsession du complot à l’œuvre à propos de la Syrie s’est largement développée grâce à Internet. Dans une « époque saturée par l’information, ceux qui tendent vers le conspirationnisme se piquent de pratiquer un hyper-criticisme, qui n’est en fait qu’une fainéantise intellectuelle, explique Stéphane François, chercheur spécialisé dans les sous-cultures de la droite radicale. Les publications à connotation paranoïaque/conspirationniste étaient jusqu’à présent confidentielles, très peu lues. Internet, en dématérialisant les supports, a permis une diffusion accrue de ces thèses, au travers notamment de la démultiplication de ces sites ». » Le modeste chercheur que je suis le confirme : sans des sites comme Arrêt Sur Info ou Infosyrie – et tant d’autres sources non tamponnées ! -, il m’aurait été plus difficile de dénoncer efficacement le mensonge organisé des médias et des politiques français sur le sujet de la guerre en Syrie.

8) Recourir à des métaphores et comparaisons aux comparants répugnants et inquiétants

Il est efficace d’utiliser des comparaisons et métaphores puisées dans le champ lexical de la maladie, de la drogue, et de la prolifération. On en trouve dans l’article de l’Express déjà cité: « Mais nombre d’entre-eux s’enivrent du même breuvage, cocktail où se mêlent, selon un dosage aléatoire, l’anti-impérialisme, la haine d’Israël -fût-elle affublée des atours de l’antisionisme… »

Catherine Gouësset, dans un article publié dans l’Express du 6 septembre 2013 et intitulé « La Syrie, terre de mission de conspirationnistes » : « une partie de l’opinion publique se laisse bercer par la complotite très active des « Bacharophiles » ((« La Syrie, terre de mission de conspirationnistes » ; Catherine Gouësset, L’Express, 06/09/2013 : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/la-syrie-terre-de-mission-des-conspirationnistes_1279058.html)) .

Relevons également cette envolée de Bernard-Henry Levi à l’époque du tir à l’arme chimique dans la banlieue de Damas le 21 aout 2013. Dans un article intitulé « Imposer la Syrie au G20 », et publié dans le Monde et sa revue la Règle du jeu le 2 septembre 2013, voici comment il commente le recul d’Obama et sa volonté de consulter le Congrès avant toute intervention militaire en Syrie suite au tir à l’arme chimique le 21 août dans la banlieue de Damas : « peut-être le président américain n’a-t-il pas eu tort, après tout, de prendre un peu son temps, d’entreprendre de rallier le Congrès à sa décision de frapper Damas et de donner donc à l’action promise toute la légitimité démocratique possible. Cela lui permettra de mettre sous les yeux de ceux de ses concitoyens que rongent les virus jumeaux du complotisme et du soupçonnisme, les preuves du massacre chimique. » Nous avons démontré dans une longue synthèse que cette affaire est une opération sous faux drapeau mise en œuvre par des « rebelles » de la brigade Liwa el Islam (ou Jaysh al Islam).

9) Multiplier les expressions péjoratives et insultantes envers les « conspirationnistes »

Tous ces procédés déloyaux visant à faire un portrait au caca fumant des conspirationnistes, le trait le plus typique des productions AC est évidemment la pléthore de termes et expressions péjoratives voire carrément insultantes à l’encontre des « conspirationnistes », dont le but est d’imprimer dans l’esprit des lecteurs qui ne l’auraient pas compris que les conspirationnistes représentent vraiment la lie de la lie de l’humanité : « complotite », « bacharophile », « sirènes complotistes », « le régime syrien », « l’obsession du complot », « complosphère », « facho », gaucho », « assadolâtre », « logorhée délirante et narcissique », « idées nausabondes », « l’impayable Roland Dumas ». C’est un concours de suffixes péjoratifs.

10) Assimiler les doutes sur la VO de la guerre en Syrie à ceux émis concernant d’autres affaires déjà étiquetées (théorie du complot)

Les attentats du 11 septembre 2001 figurent toujours en bonne place dans ces comparaisons, comme on a pu le constater dans certaines citations précédentes. Un extrait pas forcément relié à la Syrie mais extrêmement typique de ce genre procédé. Son auteur, Caroline Fourest, est une championne de l’exercice. Extrait d’un article intitulé « Ben Laden chez Elvis », publié dans le Monde du 25 septembre 2012viii.

« Ben Laden n’est pas mort. Il sirote une bière sans alcool avec Elvis. Quelque part dans un coin paumé de l’imaginaire conspirationniste. Un univers de sceptiques, gavés jusqu’au cortex de films hollywoodiens, mais méfiants jusqu’à l’os lorsque l’Amérique fait une annonce officielle. Que ce soit à propos des ovnis ou du 11-Septembre. Les théories les plus fumeuses sur l’attentat du World Trade Center les ont régalés. La mort sans photo de Ben Laden devrait les tenir en haleine une bonne décennie ».

C’est ainsi que les versions officielles des événements douteux et enterrés accèdent à une seconde existence. Au lieu d’être éclairées par des enquêtes impartiales révélant la conspiration qui les a rendues possibles, aboutissant à la condamnation des conspirateurs, et la réhabilitation de ceux qui les ont précocement dénoncés, ils servent par la suite aux acteurs AC comme comparants équivalents de nouveaux événements manipulés.

11) Remettre en cause la VO de la guerre en Syrie = nier l’existence des chambres à gaz hitlériennes

Cela va fréquemment plus loin, certains journalistes ou personnalités n’hésitant pas à affirmer que remettre en cause la version officielle des événements de Syrie, c’est la même chose que remettre en cause l’existence des chambres à gaz et la version officielle du génocide des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il s’agit du fameux « point Godwin ». J’en ai relevé quelques exemples dans le volume 1 de « Guerre en Syrie », dans la bouche du père Paolo Dall’Oglio.

« Il [le père Paolo, NDLA] évoque pêle-mêle le Réseau Voltaire et les responsables ecclésiastiques chrétiens ou musulmans qui, selon lui, donnent la parole religieuse au mensonge d’Etat, nient la révolution et la réduisent à un fait de sécurité liée au terrorisme. C’est un négationnisme incroyable, ajoute-t-il, qui est le fait d’identitaires à l’extrême-droite et d’anti-impérialistes à gauche. Ceux qui ont nié la Shoah nient la révolution syrienne ! » (L’Express, 27 septembre 2012)

« Dans le fond, il n’est pas étonnant que les derniers alliés objectifs du régime syrien soient ceux qui ont toujours nié le génocide du peuple juif et, aujourd’hui, nient la révolution du peuple syrien. (…) Je voudrais savoir aussi pourquoi les tenants en Europe du négationnisme de la Shoah, parmi les traditionalistes catholiques extrêmes, anti-impérialistes et antiaméricains, alliés aux anticapitalistes et staliniens, sont aujourd’hui du côté du négationnisme syrien et sont sensibles à la sirène Agnès. » (Libre Belgique, 17 septembre 2012)

Cette dernière comparaison a pour but secondaire de suggérer que les sceptiques des événements de Syrie tels qu’ils sont présentés dans les grands médias pourraient être condamnés à de lourdes amendes et des peines de prison, comme c’est le cas pour ceux qu’ils appellent les « négationnistes ». Quand on fait le tour d’un dispositif AC, il est fatal de tomber, tôt ou tard, sur ce taser idéologique.

On doit juger discutable, contre-productif, téméraire, à terme, de prétendre associer par arc réflexe la shoah à des versions officielles fragilissimes voire carrément mensongères d’événements géopolitiques gravissimes, mettant en péril l’existence de millions d’individus. Les gens pourraient finir par se dire que « si la shoah et ça c’est pareil, ça veut peut-être dire dire que la shoah et sa présentation médiatique constituent elles-aussi une manipulation de grande ampleur [comme toutes ces affaires auxquelles elle est improprement et pavloviennement associée] ». Notre premier ministre Manuel Valls ayant affirmé début 2014, le visage empreint d’une profonde ferveur religieuse laïque, le caractère « sacré » de la shoah, en comparaison des autres événements historiques du même type, il serait malheureux que l’association systématique de la shoah à d’ignobles mensonges aux criants airs de famille fasse naître à force dans l’opinion publique une méfiance profonde à ce sujet.

12) Maintenir mordicus ses erreurs ou mensonges passés

Ce type de procédé est propre aux longues séquences historiques comme la guerre en Syrie. Dans la mesure où les « amis de la Syrie » ont tenté à plusieurs reprises, au fil des années, de diaboliser les autorités syriennes, en recourant à des mensonges et des manipulations d’un degré de gravité toujours croissants, une pyramide de mensonges s’est constituée avec le temps dont les acteurs AC ont bien dû tenir compte. Avouer ses mensonges, au moins concéder des outrances et des erreurs d’appréciation, cela revient dans ce cas à avouer sa complicité dans le maquillage de crimes contre l’humanité, et donc souiller le drap de la vertu dans lequel ils aiment se draper pour donner des leçons et inciter à la haine contre une personne ou un groupe de personnes. Les acteurs AC optent pour la stratégie inverse, qui consiste à maintenir éternellement tels quels leurs mensonges des premiers jours, et ce même dans les cas où la fraude s’est révélée après coup énorme et avérée. C’est ainsi qu’ils ressassent à l’identique, des années après, la version officielle de ces événements telle qu’elle a été imposée à l’époque des faits à chaud les premiers jours. C’est ainsi, alors qu’il existe une très grande variété de bilans des victimes, et que toutes sortes de rapports et d’articles ont permis de remettre formellement en cause la version officielle du tir à l’arme chimique dans la banlieue de Damas le 21 Août 2013, les medias, aujourd’hui encore fin 2019, continuent de rappeler que le génie du mal Bachar el-Assad en est bien sûr l’instigateur, et de citer encore systématiquement le bilan prodigieusement gonflé de 1600 morts communiqué par une structure « rebelle » de la Ghouta la nuit-même de l’attaque (alors qu’on ne dispose en tout et pour tout que d’une photo d’enterrement des victimes, et sur cette photo cinq corps seulement). Et c’est le même scénario pour toutes les autres affaires : torture d’un groupe d’enfants à Diraa en mars 2011 l’affaire Hamza el-Khatib de mai 2011, le massacre de Houla du 25 mai 2012, le « rapport César », le massacre de Khan Chaykhoun du 4 avril 2017. Je rapporte dans le volume 2 de Guerre en Syrie le cas mémorable d’une lettre de « demande d’ouverture d’une enquête » adressée par l’association anti Assad Souria Houria le 21 février 2015, à la direction de France Télévision, suite à la diffusion d’un numéro du magazine de géopolitique « Un œil sur la planète », qui pour la première fois mettait en avant des informations battant sévèrement en brèche la version officielle. Non seulement cette lettre reprend telle quelle la version officielle des événements précités, mais son rédacteur, le juriste Firas Kontar, multiplie sans vergogne les procédés AC typiques et les anathèmes envers les complotistes et les théories du complot. Ainsi peut-on lire : « Le fameux gazoduc qatari qui n’existe que dans l’imaginaire du régime syrien, des réseaux complotistes et chez les amis de poutine. »/ « Pouvons-nous accepter aujourd’hui que nos médias publics reprennent les thèses les plus farfelues des médias conspirationnistes pour expliquer les événements en Syrie ? »/ « A chaque fois qu’un dictateur se trouve en difficulté, le complot autour du contrôle est agité, Libye, Venezuela, Syrie, même scénario. » Fait intéressant à noter : si le magazine « Un œil sur la planète », malgré 15 ans de bons et loyaux services, a très rapidement disparu ensuite de la grille des programmes, officiellement pour des raisons budgétaires, Souria Houria a été débouté de toutes les parties de sa plainte contre le numéro d’« Un œil sur la planète », ce qui a établi une jurisprudence officielle (certes inutile et très rare) où les tenants de la VO ont perdu sur toute la ligne face aux contestataires.

13) Invoquer de pseudo « autorités » pour conférer du sérieux aux dénonciations des « complotistes »

Afin d’avoir l’air sérieux et de haut niveau, il est efficace de citer une plusieurs « autorités » qui accablent les contestataires sans entrer dans le moindre détail. Pour donner une patine sérieuse et impressionnante à l’analyse des théories du complot et de leurs dangereux promoteurs, les auteurs AC citent systématiquement, à un endroit ou à un autre, une ou plusieurs « autorités » dont nous aurions la chance de recevoir l’avis éclairé depuis les sphères supérieures desquelles ils s’expriment : « politologues », « sociologues », « historiens », « professeurs », « fondateurs de… », « spécialistes de… », ils ont souvent écrit des études ou des ouvrages sur les « théories du complot » ((Voici quelques exemples d’ouvrages entièrement consacrées à endiguer le flot montant de la marée conspirationniste : « La Foire aux illuminés », de Pierre-André Taguieff, « vol au-dessus d’un nid de fachos », de Frédéric Haziza, « la démocratie des crédules » de Gérald Bronner. Dans un autre genre on citer le site Conspiracy watch, animé par Rudy Reichstadt, entièrement consacré à la traque des différentes théories du complot proscrites existantes. Le point commun de tous les auteurs pouvant être rattachés à la mouvance AC, est qu’il sont très proches des cercles étasuniens néoconservateurs pro israéliens. Les néoconservateurs pouvant être tenus pour partie responsables des manipulations qui ont conduit à déclencher toute une série de guerres au Maghreb et au proche-Orient, il est logique, somme toute, de retrouver des cousins à eux pour les blanchir dans les milieux littéraires et journalistiques et noircir la réputation de ceux qui les dénoncent.)) que les auteurs citent en même temps qu’ils rapportent leurs « analyses ». Les citations suivantes présentent toutes le même point commun : à l’instar des articles dans lesquels on les relève, elles n’entrent jamais dans le détail des affaires.

« On observe pantois la gauche laïcarde faire des mamours à la droite identitaire et s’émouvoir soudainement du « sort des Chrétiens », s’emporte l’historienne Marie Peltier, tandis que l’on découvre cette même droite subitement férue de laïcité et pourfendeuse de la volonté hégémonique occidentale dont elle a pourtant été l’un des plus fidèles apôtres » (Gouësset, l’Express)

« Dans une « époque saturée par l’information, ceux qui tendent vers le conspirationnisme se piquent de pratiquer un hypercriticisme, qui n’est en fait qu’une fainéantise intellectuelle, explique Stéphane François, chercheur spécialisé dans les sous-cultures de la droite radicale. » (même article).

« L’examen attentif de sa logorrhée délirante et narcissique laisse peu de place au doute: le cas Meyssan relève au mieux de la psychanalyse. Au gré d’un parcours chaotique détaillé par Fiammetta Venner dans un essai incisif, ce fabuliste a ferraillé tour à tour en faveur de l’intégrisme catholique, de la cause homosexuelle, de la pornographie, de la laïcité, du kadhafisme et de la théocratie iranienne. » ((Cette analyse du cas Thierry Meyssan, par pur hasard, se trouve pour le coup exacte. Mais c’est l’exception qui confirme la règle. En aucun cas Meyssan n’est représentatif des « complotistes » de haut niveau, dont les plus sérieux ne sont jamais cités.)) (Hugueux et Kodmani, l’Express).

« Au coeur de tous les malentendus que manifeste la lamentable « complotite » qui paralyse aujourd’hui la solidarité internationale à l’égard de l’opposition syrienne, il y a le fait que des diplomaties occidentales au lourd passé de cynisme impérialiste ont compris, après le désaveu des révoltes tunisienne et égyptienne, les limites tactiques du soutien aveugle qu’elles apportaient à des régimes autoritaires déchus. Et qu’elles ont décidé de « changer », au moins partiellement, leur fusil d’épaule », ajoute encore le chercheur [François Burgat, chercheur à l’Institut de Recherches et d’Études sur le Monde Arabe et Musulman]. »

Ces citations d’autorités aux titres ronflants, qui n’entrent jamais dans le détail des affaires, peuvent être considérées comme des mises en abîme des articles qu’elles sont censées cautionner, et auxquelles elles n’apportent jamais la moindre matière.

14) Limiter drastiquement la liberté d’expression des contestataires dans les grands médias

Pour que le dispositif fonctionne parfaitement, un autre principe crucial doit être respecté : la limitation drastique de la liberté d’expression des contestataires dans les grands médias. Le système ne doit pas être totalement étanche car il faut donner l’impression qu’on donne la parole aux deux camps, mais le filtrage doit être extrêmement sévère, et quand des « conspirationnistes » sont invités sur les plateaux télé, il faut les placer dans des conditions dans lesquelles il leur est difficile, voire impossible de s’exprimer, par exemple avec un temps de parole trop court, et/ou face à une meute d’interlocuteurs qui ne cessent de lui couper parole. Si la parole a commencé à se libérer depuis l’intervention russe en septembre 2015, il faut bien reconnaître que ce principe d’exclusion a été parfaitement respecté depuis huit ans pour ce qui concerne la guerre en Syrie.

Un ostracisme aussi complet devrait éveiller la suspicion du grand public, mais comme ce dernier ne connaît les « conspirationnistes » que par le truchement du dispositif AC, et qu’il méconnaît la culture du mensonge généralisée dans les grands médias, il se convainc facilement que c’est parce qu’ils sont tels qu’ils sont décrits par les différentes composantes du dispositif AC qu’on ne leur accorde jamais de place pour s’exprimer. D’ailleurs quand des gardiens du temple avancent des raisons expliquant l’exclusion totale dans le débat sur la guerre en Syrie des « conspirationnistes », il leur est facile de persister dans la même veine diabolisatrice, ainsi Ziyad Majed lors d’une conférence à l’institut du Monde arabe du 24 février 2013 : « j’entends des arguments sur le fait qu’il faut donner aussi la parole à l’autre camp (…) comme si par exemple pendant l’apartheid en Afrique du sud on invitait des représentants qui vont défendre le racisme » ((Je renvoie à la chronique 1 du volume 1 de « Guerre en Syrie », dans laquelle je résume le débat ou Ziyad Majed a avancé cette explication.)) .

15) N’autoriser que des agents d’influence à soutenir publiquement des positions AC

Si tous les journalistes étaient libres de s’exprimer comme ils le souhaitent sur le conspirationnisme, et si les grands médias ne pratiquaient pas cette censure draconienne, on découvrirait rapidement qu’une grosse poignée d’entre eux, très haut placés, toujours les mêmes, se livrent en toute connaissance de cause à des pratiques ignobles et contraires à la déontologie journalistique. Ces journalistes mériteraient en conséquence d’être dénoncés publiquement par des discours « antijournalistiques » de la plus extrême sévérité. Une telle éventualité est malheureusement impensable. Le caractère universellement ignoble de la production AC s’explique par le fait que les journalistes ayant le droit de s’exprimer sur ce sujet sont triés sur le volet (la remarque vaut pour tous les sujets sérieux). La première idée qu’un journaliste honnête aurait en découvrant en même temps, et sans a priori, l’univers « conspirationniste » et la production AC ne serait très certainement pas de se joindre aux aboiements de la meute, mais au contraire de faire le procès des AC et de réhabiliter ceux que ces agents d’influence agressent comme « conspirationnistes ». Par « agents d’influence » nous entendons des agents infiltrés dans les milieux médiatiques et politiques pour défendre les intérêts de groupes occultes et de puissances étrangères. Ces agents sont proches des milieux néoconservateurs étasuniens et israéliens et sont connus pour avoir activement pris part à la propagande anti syrienne en France depuis le début des troubles en mars 2011. Ainsi en est-il par exemple de Bernard-Henry Levi ((Sur les positions de Bernard-Henry Levi sur la guerre en Syrie, je renvoie à mon article publié sur le site Boulevard Voltaire en août 2015, et intitulé : « Bernard-Henry Levi et la guerre en Syrie, ce monsrueux révélateur » : http://www.bvoltaire.fr/francoisbelliot/bernard-henri-levy-guerre-syrie-monstrueux-revelateur,200003)) , de Hala Kodmani ((Je renvoie à ma chronique « un débat truqué à l’institut du monde arabe » : http://arretsurinfo.ch/syrie-comment-les-medias-francais-intoxiquent-lopinion-publique/)), de Christophe Ayad ; il n’est pas anormal que les propagandistes qui mentent continûment aux Français depuis plus de huit ans sur le sujet de la guerre en Syrie soient les mêmes qui finissent par se coller à la rédaction d’articles AC. Cette remarque sur la qualité des auteurs AC s’applique également aux « autorités intellectuelles » invoquées en cautions dans leurs productions. Evoquons seulement Rudy Reichstadt, l’autorité de très loin la plus fréquemment citée dans les articles AC, toutes affaires confondues. Fondateur de Conspiracy watch, qu’on pourrait traduire par « observatoire de la conspiration », site qu’il anime seul et sur lequel il relaie, avec une présentation AC poussée jusqu’à la caricature, toutes les productions « conspirationnistes » diffusées sur la toile et dans les grands médias, sur tous les sujets qu’il est de règle d’assimiler aux théories du complot (JFK, Syrie, Libye, Ukraine, attentats du 11 septembre, de Madrid, de Londres, de Charlie Hebdo, du 13 novembre, génocide rwandais, etc.), et dont implicitement il se présente comme un grand connaisseur alors qu’on ne lui connaît absolument aucune publication dans aucun de ces domaines. Or Rudy Reichstadt n’est pas n’importe qui ((Je renvoie à l’article publié le 9 septembre 2013 sur le site de Michel Collon « Investig’action »)) . C’est un proche du Cercle de l’Oratoire, lié aux néoconservateurs qui ont promu la « guerre de libération démocratique » de l’Irak en 2003, il a été rédacteur de la revue de ce think tank : « le Meilleur des Mondes ». C’est un disciple de Pierre André Taguieff ((Une fiche complète et édifiante sur cet agent d’influence pro israélien sur le site « Anticons » : https://anticons.wordpress.com/2013/06/01/pierre-andre-taguieff-le-neo-con-lajoie/)) , membre du CRIF, auteur d’un ouvrage anticonspirationiste intitulé « la foire aux illuminés », et contributeur du site ultrasioniste et conspirationniste dreuz.info ((On peutle qualfier de « conspirationniste » dans la mesure l’un de ses rédacteurs n’est autre que l’historienne israléienne Bat’Yeor qui a développé la théorie d’Eurabia, dans laquelle elle explique qu’il existe une entente secrète entre les élites européennes et maghrébines pour organiser l’immigration massive des transferts de technologie en Europe.)) . Il est également proche de Caroline Fourest ((Voir par exemple cet article du 13/02/13 : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/781556-caroline-fourest-les-obsedes-du-complot-et-l-inquietante-obsession-de-pascal-boniface.html)) qui l’interviout longuement et complaisamment dans son documentaire anticonspirationniste « les obsédés du complot » passé sur France télévision début février 2013. Rudy Reichstadt est également proche de Bernard Henry Levi. Comme aiment à dire les auteurs anticonspirationistes quand ils exposent en trois coups de cuillère à pot les réseaux « nauséabonds » des personnalités dont ils ont pour mission de flétrir la réputation : « La boucle est bouclée ».

Récapitulatif des caractéristiques du discours anti conspirationniste 

Certaines redondances dans la liste des citations que je viens d’adosser aux différents points marquant l’une des caractéristiques du discours AC, il est fréquent que plusieurs procédés soient utilisés en même temps. On trouvera facilement par exemple des phrases contenant à la fois des termes péjoratifs, des métaphores types, des citations d’autorités, et des ponts jetés vers d’autres théories étiquetées « du complot ». Les articles AC sur d’autres affaires (11 septembre, 7 janvier, 13 novembre) présentent d’autres procédés typiques, mais comme la propagande antisyrienne AC ne les a pas mobilisés, j’y reviendrai dans un prochain travail consacré à ces deux dernières affaires.

1) Englober les sceptiques dans des étiquettes péjoratives : « complotistes », conspirationnistes », « antisémites », « révisionnistes », négationnistes

2) Les présenter comme une cour des miracles fourre-tout et incohérente

3) En faire des portraits au caca fumant pour épouvanter l’opinion publique

4) Rattacher les sceptiques à des « réseaux » ignobles

5) Refuser par principe tout débat public avec les sceptiques

6) Ne s’attaquer qu’aux arguments les plus faibles et les moins employés par les sceptiques

7) pointer le rôle néfaste d’internet dans la diffusion des positions des contestataires

8) Recourir à des métaphores et comparaisons aux comparants répugnants et inquiétants

9) Multiplier les termes et expressions péjoratives et injurieuses contre les contestataires

10) Assimiler les doutes sur la VO de la guerre en Syrie à ceux émis concernant d’autres affaires déjà étiquetées (théorie du complot)

11) Remettre en cause la VO de la guerre en Syrie = nier l’existence des chambres à gaz

12) Maintenir mordicus ses erreurs et mensonges passés

13) Invoquer de pseudo « autorités » pour conférer du sérieux aux dénonciations des « complotistes »

14) Limiter drastiquement la liberté d’expression des contestataires dans les grands médias

15) N’autoriser que des agents d’influence à soutenir publiquement des positions AC

Récapitulatif des articles AC sur la guerre en Syrie cités dans le présent article

Ils ont tendance à se raréfier après l’affaire du tir à l’arme chimique en septembre 2013 ; la plupart de leurs auteurs sont des militants anti-Assad très actifs depuis le début des troubles en mars 2011 :

– « Troubles en Syrie, un complot pour l’apéro ? », Rudy Reichstadt, Conspiracy Watch, 28/04/2011 ;

– « Oui, la répression est bien réelle en Syrie, n’en déplaise à Meyssan et Cie », Rudy Reichstadt, Conspiracy Watch, 18/12/2011 ;

– « Sur la Syrie, la propagande à longueur de commentaires », Mickael Szadkovski, lemonde.fr, 24/02/2012 ;

– « Le petit monde composite des soutiens au régime syrien », Christophe Ayad, Le Monde, 06/06/2012 ;

– « Non,les chrétiens ne sont pas persécutés en Syrie ! », Christian Cannuyer, lavie.fr, 27/06/2012 ;

– « Syrie, la légion française d’Assad », Vincent Hugueux et Hala Kodmani, Lexpress.fr, 13/09/2012 ;

– « Syrie,le père Paolo contre la théorie du complot », Rudy Reichstadt, Conspiracy Watch, 30/09/2012 ;

– « La révolution syrienne et ses détracteurs », Faroukh Mardam Bey, XX/10/2012, L’Orient le Jour ;

– « La Syrie, terre de mission de conspirationnistes », Catherine Gouësset, Lexpress.fr, 06/09/2013 ;

– « Attaque à l’arme chimique,la théorie du complot qui fait pschitt », Jean-Laurent Cassely, Le Monde, 30 août 2013.

Essayez à présent d’appliquer vous-mêmes la grille de lecture ici proposée en l’appliquant à cet ensemble d’articles AC consacrées à la tuerie de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, où se proposant de dénoncer les « théories du complot » et les « conspirationnistes » dans leur ensemble.

Articles AC sur l’affaire Charlie Hebdo

– « Charlie Hebdo agite les complotistes », Léo Mouren (journaliste depuis août 2014), Libération, 9 janvier 2015, http://www.liberation.fr/societe/2015/01/09/les-complotistes-investissent-la-toile_1176819

– « Charlie hebdo : les théories conspirationistes naissent désormais avant-même la version officielle », interview de Bruno Fay, auteur de « Complocratie », le Figaro, 12 janvier 2015 http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/01/09/31003-20150109ARTFIG00222–charlie-hebdo-les-theories-conspirationnistes-naissent-desormais-avant-meme-la-version-officielle.php

– « Charlie hebdo, ce que vous pouvez répondre aux arguments complotistes », Donald Hébert (rédacteur à l’Obs rubrique économie), letempsreelnouvelobs.com, 15 janvier 2015, http://tempsreel.nouvelobs.com/charlie-hebdo/20150115.OBS0052/charlie-hebdo-ce-que-vous-pouvez-repondre-aux-arguments-complotistes.html

– « Charlie hebdo : la théorie du complot ou la défiance des médias », Nicolas Guégan (journaliste depuis 2012 et au Point depuis 2013), le Point, 16 janvier 2015, http://www.lepoint.fr/societe/charlie-hebdo-la-theorie-du-complot-ou-la-defiance-des-medias-16-01-2015-1897033_23.php

– « Charlie Hebdo: comment se développent les théories du complot », Antoine Izambart (journaliste depuis mars 2014, aujourd’hui employé à Challenges), Challenges, 19 janvier 2015, http://www.challenges.fr/politique/20150119.CHA2323/charlie-hebdo-comment-se-developpent-les-theories-du-complot.html

– « Charlie Hebdo, ces théories du complot qui séduiraient 1 jeune sur 5« , Justine Knapp (journaliste depuis janvier 2012) et Thomas Vampouille (journaliste politique depuis janvier 2009), Metronews, 19 janvier 2015, http://www.metronews.fr/info/attentat-contre-charlie-hebdo-ces-theories-du-complot-qui-seduiraient-20-des-jeunes/moai!x0RLaeiHlcvk/

– « Charlie Hebdo : pourquoi la France a plutôt bien résisté aux théories du complot », Jean-Laurent Cassely (journaliste et auteur notamment d’un bêtisier des mœurs parisiennes, « Paris mode d’emploi »), Slate.fr, 2 février 2015, http://www.slate.fr/story/97387/charlie-hebdo-theories-du-complot-confiance

– « Pourquoi les complotistes sont des ennemis de la démocratie », Laurent Joffrin, tempsreelnouvelobs.com, 11 septembre 2011, http://tempsreel.nouvelobs.com/laurent-joffrin/20110909.OBS0051/pourquoi-les-complotistes-sont-des-ennemis-de-la-democratie.html

– « L’alliance des frustrés et des deshérités annonce le retour des fascismes », Charles Rozjman (psychosociologue, philosophe praticien, écrivain, inventeur de la « thérapie sociale »), Huffington post, 26 septembre 2014, http://www.huffingtonpost.fr/charles-rojzman/lalliance-des-frustres-et-des-desherites_b_5871416.html

« Le complotisme, ce nouvel asile de l’ignorance », Pierre Crétois (agrégé et docteur en philosophie, aucune production en géopolitique) 30 septembre 2014, blog de médiapart, https://blogs.mediapart.fr/pierre-cretois/blog/301214/le-complotisme-ce-nouvel-asile-de-l-ignorance

Quelques articles AC généralistes

– « Comment répondre aux théores du complot », Daniel Makonnen (responsable de la communication de la LICRA), Huffington post, 25 mars 2015, http://www.huffingtonpost.fr/daniel-makonnen-/contrer-theories-du-complot_b_6937236.html

– « Le complotisme ou la défaite du journalisme », Eric Mettout, 17 avril 2015, blog de l’express, http://blogs.lexpress.fr/nouvelleformule/2015/04/17/le-complotisme-ou-la-defaite-du-journalisme-entre-autres/

– « Quand les politiques se convertissent aux théories du complot », Alexandre Sulzer, lexpress.fr, 24 avril 2015, http://www.lexpress.fr/actualite/politique/quand-les-politiques-se-convertissent-aux-theories-du-complot_1672047.html

– « Penser la vague conspirationniste contemporaine », Pierre-André Taguieff (philosophe, politologue, et historien des idées, membre du cercle de l’oratoire, conseiller du CRIF, rédacteur sur Dreuz.info), Huffington.post, 3 mai 2015, http://www.huffingtonpost.fr/pierreandre-taguieff/penser-la-vague-complotiste-contemporaine_b_7161570.html

– « Conspirationnisme, la tentation du complot », Alexandre Vigneault (journaliste longtemps spécialisé dans la culture, s’intéresse à des sujets généraux, allant de l’impact des nouvelles technologies dans nos vies à la sexualité), lapresse.ca , 20 septembre 2015, https://ca.linkedin.com/in/alexandre-vigneault-7a81aa3b

– « 10 principes de la mécanique conspirationniste », Benoît Bréville (rédacteur en chef adjoint, le Monde Diplo), juin 2015, http://pm22100.net/01_PDF_THEMES/97_ARTICLES_DIVERS/01_JUIN_2015/150604_Conspirationnisme_10_principes.pdf

Notes:

Une réponse sur “Introduction au discours anticomplotiste : le cas de la guerre en Syrie”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *